Oups. On a créé un spectacle.

 

De l’expérience vécue d’une transatlantique, tracée dans un journal intime, à un carnet de bord publié, puis jusqu’à la création d’un spectacle : un itinéraire imprévu.
Flore, auteure du Carnet de bord “Entre deux Rives”, vous raconte.

Lancé d’épluchures en plein vol - quelque part en plein milieu de l’Atlantique - décembre 2011

Lancé d’épluchures en plein vol - quelque part en plein milieu de l’Atlantique - décembre 2011

 

Au milieu de l’océan, le journal de bord

Novembre et Décembre 2011

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J'écris mon journal de bord tout au long de notre traversée de l'Atlantique. Un moment pour moi, avec moi-même, comme un journal intime en somme, que j'ai l'habitude de tenir régulièrement dans ma vie de tous les jours. Ici, j’ai besoin de décharger ce trop de nouveautés et de découvertes. Je ressens la nécessité d’imprimer, dans ma mémoire et sur le papier, l'exceptionnel et l'incroyable de ce que je vois, de ce que je sens, et surtout, comme ça me change à l'intérieur. A bord, je partage régulièrement quelques morceaux avec Fanny, ma co-équipière et oreille intime, pour savoir si les mots posés là, lui font écho. Des bouts de lectures qui sont le point de départ de bien nombreuses et longues discussions…




Sur la terre ferme, la réécriture

Février – Mars 2012

Juillet 2012

Je reprends cette matière première, je l'organise, mais je la retouche finalement assez peu. La chronologie du Carnet de bord apparaît comme une construction évidente et naturelle. Je m'attèle simplement à brosser davantage les personnages, et à apporter quelques explications de-ci de-là, quand elles me semblent nécéssaires pour un·e lectrice/teur potentiellement inconnu et qui pourrait ne pas connaître le monde de la mer et de la navigation.

Et maintenant que le texte a une forme partageable, comment le partager effectivement, au delà de mon cercle ?

La question est posée.

Et je l'oublie.

Nous rentrons précipitamment de ce voyage qu'on envisageait pourtant dans “l'illimité”, parce que notre père est malade. Une bonne et douloureuse raison de mettre fin à cette infinité. De nouveau en France et profondemment changées par le voyage, j'ai le désir de partager les gouttes d’essentiel que nous avons vécues là et qui perlent sur notre quotidien retrouvé.

Mais comme je ne sais pas raconter, et que la question “alors c'était comment ? ” me laisse sans mot, je me dis que le mieux que j'ai à faire est de partager mes écrits. Je m'attèle alors à un travail qui va venir baliser ma vie chamboulée, mon clavier comme une torche qui éclaire les nuages embrumés du voyage avorté. Et je m'attèle à la relecture, au tri de ce qui est partageable, de ce qui ne l'est pas, de ce qui n'a aucun intérêt, de ce qui en a peut-être un. Je transmets cet écrit une fois remanié à quelques proches, à Fanny notamment (personnage important -que dis-je, capital!- de l'histoire...) et leur enthousiasme me donne envie d'aller plus loin.


 

L’édition

Quelques mois plus tard, j'ai l'objet dans les mains. Et ça ne me fait pas rien. C'est comme si le sens de notre traversée se trouvait dans mes mains. Oui oui, ça me fait quelque chose.

Voilà donc venu le temps du partage ! Alors je partage. Et je parviens à avoir une bonne critique sur le site CultureTop. Je suis alors refaite ( vous pouvez la lire ici, franchement j’étais fière ;) ).

Par contre, pour un prochain écrit, essayez autre chose qu'Edilivre, hein? ”, me conseille-t-on de ce côté-ci. Effectivement, je me rends compte assez vite que j'ai trop vite regardé, trop pressée d’avoir l’objet dans mes mains, et que je me suis embringuée dans l'edition détestée des libraires… Bon. Au moins, il a une forme, je n’ai rien payé, et je peux partager l’histoire. Et oui oui, “pour un prochain...” Ha Ha! “Un prochain !

Malgré tout, le récit vit sa petite vie mignonette, et notre traversée voyage encore. Cette idée me plait, et à Fanny aussi. On espère simplement que notre Capitaine quelque peu décrié dans le Carnet de bord ne tombera pas dessus...

Mars 2016

Un soir, à l’occasion d’une petite sortie au Théâtre, Fanny me fait part de sa découverte : “ Regarde Flore, ce joli recueil de poèmes... Edité. Peut-être que...?

Dans les jours qui suivent, je tape : “ Edilivre ”, je clique “ proposer une oeuvre ”, envoyé. Sait-on jamais... Le monde de l'édition, je ne le connais pas, ni personne en son sein, je ne vais donc pas m'y aventurer plus que cela. Et puis, le format de mon carnet de bord n'est peut-être pas très adapté à l'”Edition ”…? Mais bon, Edilivre, ça ne coûte rien d'essayer, ni en temps ni en argent. On verra bien !

Mai 2016

J'ouvre ma boite mail et je lis (en substance) : “ Bonjour, on va publier votre livre, et on est content ”. Hein ? Genial ! Moi aussi je suis contente.

“oulala!”

“oulala!”


 

Des lectures au coin du banc

Janvier 2018

La Ville de Saint Mandrier nous invite à venir partager nos aventures l’été qui vient, notamment avec notre spectacle sur voilier tout juste créé. Et avec, nous leur proposons des lectures d’extraits de notre “Entre deux Rives”, en embarquée, à bord de notre bateau-scène.

“- Sympa non ?
Nous sommes dans un bureau de la Mairie.
- Oui sympa ! On prend !”

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Ok, alors on s’y attèle. À Paris où l’on réside à ce moment là, on rassemble quelques oreilles attentives et amies au Bistrot Littéraire, sympatique et chaleureux, avec une première sélection de textes que nous leur soumettons, pour recueillir quelques premières impressions sur le choix des morceaux. De là, on sélectionne, on arrange, on s'entraîne à lire, et on entrecoupe la lecture de quelques sons qui vont bien (et enregistrés à bord de Kaïros, notre bateau-scène)

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Juillet 2018

Voilà l'été qui arrive. Nous refaisons vivre notre histoire, à des petits groupes de gens assis sur les banquettes dans le carré de Kaïros. Ils sont réceptifs. On est heureuses de partager. Et moi, ça me fait un drôle d'effet de me lire et m entendre en public. Faut dire qu’à la base, c'était quand même mon journal intime...



 

Des lectures au coin du banc à un vrai spectacle : la métamorphose

Novembre 2018

Assez vite, nous percevons les limites du travail sans regard extérieur sur ces lectures. Même si c’est un simple partage de textes sur le coin d’une banquette, la danseuse et la jongleuse-écrivaine que nous sommes ont besoin de ce regard extérieur. Aussi, nous nous rendons compte que lire, ce n'est pas simplement lire, mais ça peut aussi être lire. Et ce lire là qui nous intéresse d’approcher va nous demander du travail. Alors fortes de ces deux prises de conscience, on part en quête de la personne idéale qui pourrait travailler avec nous ce partage textuel avec vibration de cordes vocales. Une personne qui nage dans l'oralité comme un poisson dans de l'eau, et qui voit la possibilité et l'intérêt de faire travailler deux artistes qui n'ont pas pour outil principal ces cordes là.

Angèle Peyrade. Evidemment ! Angèle. Qui gère. Grave.

Elle est comédienne, metteure en scène, dirige (à la baguette exigente et adaptable) les actrice·teur·s, elle est touchée par le travail du corps, et semble aimer faire vibrer les voix novices dans le maniage des cordes. La personne idéale donc pour travailler une semaine avec nous les lectures, à partir de ce qu'on a déjà construit, pour que “pif paf pouf” naisse une petite forme légère et sans chichi à partager simplement !

On tope.

Nous voilà chez Angèle, à Paris, avec nos textes et notre envie. Café bu, c'est parti ...

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Alors, je vous propose de reprendre tout le texte, pour voir si on a tous les morceaux qui nous plaisent, et qu'on puisse se remettre ensemble dans la globalité de votre histoire. Juste on lit comme ça, chacune notre tour, sans se mettre la pression de lire “bien”. D’ailleurs, ça veut rien dire lire “bien”. “Lire”, c'est tout. Bref, on verra ça plus tard. Ça vous va ? ”

Attention, Angèle a une certaine dynamique neuronnale.

C'est parti, dans le récit qui nous mène, qui l'eût cru, jusqu'à Paris (où l’on ne vit plus). On coupe, on élimine, on met sous le coude, dans les yeux et les oreilles, on dit adieu à des mots aimés, à des images chéries, on change des dates, on remet dans l'ordre. 3 heures passent.

- Au tout début, vous vous souvenez, le soleil était là à moitié, puis tu dis qu'il est 5 jours plus tard, à la page 18 tu parles des étoiles, et à la 32 du ciel sombre. Il y a donc un problème...
- ...?
- ... Ah voilà ! J'ai trouvé ! On met le deuxième paragraphe de la page 42 après le 5eme de la page 22, on supprime le 1er de cette même page, qu'on remplace par la date de la page d'après, et comme ça on est nickel !
- ... mmm. Oui. Oui oui. Attends… quelle page...?”

Je vous l’avais dit, Angèle a les neuronnes dynamiques.

“- Ok. Les filles. L'heure est grave.
- Quelle page ?
- Non pas de page. En fait... Ce que je me dis, c'est que ce serait vraiment dommage de bosser seulement une semaine. Parce que, d'abord, je vois là un possible “vrai” spectacle, pas juste des lectures vite fait au coin d'un banc. Et deuxièmement, parce que vous avez choisi un genre hyper délicat, la lecture. Et que y'a potentiellement un gros boulot à mener pour lire sans être relou. On pourrait croire que comme on a le texte c’est plus facile, que tout le monde peut le faire… mais non ! C’est encore plus délicat, je trouve, que de partager un texte sans le texte sous les yeux. Parce que la frontière entre “je suis intéressante” et “je suis super relou à écouter” est très fine…
- Ah oui… et après, pourquoi pas aussi un décor ? Pour dynamiser, mettre du corps, et apporter un autre plan à la compréhension de notre histoire...? ”

Il ne fallait pas en dire plus pour faire partir la machine à rêve... On touche dans nos esprits le rose des dauphins, le salé de l'aventure, le chant des vagues, la claque du café nocturne, la voix des étoiles...

- “Ouais, mais il faut que ça reste simple, et adaptable à des petits endroits. On a envie de le présenter dans des lieux pas forcément prévus pour accueillir des spectacles”.

La Covid n'était pas encore passé par là mais l'intuition était bonne...

- Allo Fede ? Fanny a tapoté. Tu serais dispo, et tu aurais envie de bosser avec nous sur les Lectures ? … Tu vois bien l'univers du bateau avec le spectacle sur voilier qu'on a construit ensemble, et bien en fait, pour les Lectures, on a envie de réflechir à un décor, qui puisse se penser en même temps que la création du spectacle… Oui, oui, finalement ce sera un spectacle. Un vrai. On aimerait y mettre des images, qu'on puisse voir un paysage se dessiner, aider à rendre concret ce texte poétique, et ludique... Tu vois ?
- ... blablablablabla ”

On est là, tendues....
Fanny raccroche.

“- Elle est carrément motivée !
- Ouaiiiiiiiiiiiissss !!!!!! “

Ca vaut bien un petit goûter. Entre deux bouchées, Angèle reprend :

“ Alors pour la chuite de la chemaine, che propose qu'on entre dans le texte et dans votre hichtoire, et qu'en parallèle on fache quelques exerciches, et que che vous donne des pichtes à creuger par la chuite, chur che travail chi particulier qu'est la lecture publique…

… il est vraiment bon ce chocolat…”.

On tope.


 

La lecture, ça ne s’improvise pas…

“ On enlève le texte, racontez moi. C'était comment ? Je veux du détail, de la sensation... Fanny, c'est quoi pour toi ce temps en mer ? Enlève moi ce texte ! Qu'est ce qui est différent avec le temps sur terre ? Dis le moi vraiment, moi je sais pas ! “

“ Et ce quart de nuit, c'était... agréable ? C'est quoi la sensation physique qui vient avec ? …

 

Les mains dans les rouages du spectacle

Janvier 2019 - résidence à à la Ménagerie de Verre à Paris

Voilà voilà. Nous voilà réunies toutes les quatre, Angèle, Federica, Fanny et moi, avec plusieurs enjeux : continuer à travailler le partage, avec nos cordes vocales, de notre histoire; et penser la construction du spectacle : agencement des mots, des prises de paroles et conception du décor.

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FEDERICA

“ - Ok les filles. J'ai réflechi, et voilà où j'en suis. J’envisage le décor comme un mini Théâtre à l'italienne.
- Comme toi Federica Buffoli !
- Mais Flore, c'est pas drôôôôôle....
- C’est vrai.
- Avec des objets qui surgissent, des fonds qui évoluent, des poulies (j'adore les poulies depuis le spectacle sur voilier...), de la beauté, de l'imaginaire, de la puissance, de la douceur...

…Ferme les yeux, prend le temps de sentir ce que ça te fait, sincèrement. Et avec ça, raconte moi”.

“ Non mais Flore ! Tu me dis ça comme si tu t'en foutais ! C'est quand même pas banal d'être chamboulée comme ça... Non ? “

Sans qu'on s'en aperçoive, voilà nos lectures du coin du banc prendre leur place dans ce qui occupera nos temps futurs...

 
 

- Génial.
- Un décor qui se transforme donc au fil de la pièce, et où il pourrait y avoir une baleine qui surgit, un soleil couchant, une nuit étoilée, l’orage...
- Yes…
- Ok. Alors je vais aller tenter de récupérer du matos à droite à gauche et cette semaine je vais faire un prototype “.

ANGELE

“ Parle moi ! Fanny je t'entends pas. J'entends des mots, une musique. Mais je comprends rien.”

“ - Flore t'es pas là. Tu dis des mots.
- Bah si , je te le dis là : “J'ai la nausée”
- Ouh la mauvaise foi ! Une petite pause...? ”

“ En fait les filles, c'est un travail où vous pouvez pas vous cacher derrière les mots et votre feuille. Et d'autant plus parce que vous avez une feuille, il faut être avec nous à 200% ! Il faut nous embarquer, et pour nous embarquer, il faut nous parler. Tout simplement. Et là, tu parles pas, tu dis des mots. Adresse moi la parole ! Adresssssssse ! “

“ Quoi ? Tu dis quoi là Fanny ? J'ai rien compris”.

Bon, les mots écrits, au final, peut-être que c'est aussi bien... Non ?


 

Premier jet en public

Février 2019

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Allez ! on se lance, l’occasion fait le larron. Comme on dit. On nous propose de présenter un extrait de 15 minutes au Café Associatif du village de Bilieu en Isère. Ouais… c'est bon de partager... Face au public, le travail prend sens tout à coup…

 

Les mains dans les rouages du spectacle - saison 2

Avril 2019

On débarque à Paris avec la deuxième phase du décor, né sous les mains de Federica dans un atelier lyonnais. Angèle nous attend.

- Heu, tu m'as dit quoi là ? Elle fronce les sourcils.
- Oui ça va je sais, t'as rien compris... J’ai dit des mots.

“ Quand tu lis, joue moi pas que tu es énervée, juste dis moi les choses simplement ! On joue pas, c'est affreux sinon, y a rien de pire en vrai ! Parce que t'es toute seule dans ton délire, avec ta carapace d'artifice.

 

“ Quoi que tu ressentes, fais avec, les émotions c'est du carburant, faut s'en servir. Si t'es enervée, que t'as la flemme, que t'es gênée... Vas y à fond, et en plus y a pas meilleure manière pour que cette émotion passe sans que tu t'en aperçoives.

C'est hyper délicat, mais dans ce travail qu'on mène ensemble, vous pouvez pas faire semblant “.

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Les mains dans les rouages du spectacle - saison 3

Novembre 2019

Cette fois-ci, c’est dans le Vercors que nous nous rendons.

Après la sublime création d'une petite enfant du côté de Fanny, nous voilà à nouveau réunies toutes les quatre (et en famille) dans un lieu magique. Une mer de montagne... Dans ce lieu construit par Yann, un petit bout de paradis perdu, où se pense le rapport entre nature et technologie.

Là, on joue avec la boite finalisée. On articule les mots, les corps, les gestes et les sons. Federica arrive avec une suprise à la main.“ Ouh les petits poissons volants ! Vas y fais le son des poissons volants... J'adore ! J'adore ! On garde ? On garde !! ”

Ok Angèle…

Des images naissent de l'entremêlement des matières, sous nos yeux heureux de voir enfin naître une forme...

“ Il t'a rien fait ce mot ! Arrête de taper dessus bon sang. T'as pas besoin de le fracasser pour qu'on l'entende, t'inquiète. Tes jolis mots on les entend !”.

“ Je vous annonce tout de suite quelque chose : la poésie n'a pas besoin de vous pour être poétique mes amies ! Laissez-la vivre, occupez vous simplement de nous parler ! “

Bah oui, c’est si simple... Parler… J'inspire la montagne, j'expire ! Aller on peut le faire !

La fine équipe

La fine équipe


 

Les mains dans les rouages du spectacle - saison 4

Janvier 2020

C’est la dernière ligne droite avant la Première du spectacle le 18 janvier, dans notre village natal de Rives sur Fure en Isère ! Et d'autres dates qui suivent. Cette fois, on ne peut plus reculer, les mots vont vibrer... à travers nos cordes vocales, et jusqu'à des oreilles inconnues.

Nous voilà, Angèle, Fanny et Flore à Noyarey, une banlieue rurale de Grenoble, pour ficeler le tout.

“ Ouh ouh, je suis là, tu n'es pas seule avec ta feuille ! Ok, on reprend. ”

“ Ouais, prenez-vous en compte comme ça l'une avec l'autre, dites vous que vous êtes ensemble, soutenez vous, chopez l'energie de l'autre, suivez vous, impulsez ! ”

“ Ok, bon. Stop ! La parole doit se faire en même temps que la pensée. Autrement dit Fanny, tu me parles en même temps que tu construis ta pensée. Donc il faut trouver l'endroit juste pour toi où tu sais où tu vas. Mais tu n'anticipes pas la suite, pour être dans tes bottes au moment où tu le dis.

C'est une pensée qui doit se chercher, sincèrement. Et faut trouver ça à chaque fois, même si tu l'as dit déjà 10 000 fois... Et ouais, c’est ça la difficulté…”

“ Flore je t’arrête ! Là tu penses à comment le dire, mais on s'en fout du COMMENT ! Tu dois te demander POURQUOI ! Si tu te demandes “comment”, t'es morte. Façon de parler hein. Tu t'enfermes dans une forme figée, et y a plus rien qui passe. Ca peut sortir différement à chaque fois, et la réponse au “pourquoi” peut être aussi différente à chaque fois, mais c'est bien le “pourquoi” tu parles que tu dois questionner. Non pas le “comment”. “

Et voilà. Les mots intimes posés dans mon petit carnet humide et salé, devenus la matière de l'oeuvre matricielle de notre chère Cie Infusion, sans qu'on s'en aperçoive. Une forme humble, et partageable partout, grâce à la simplicité tant travaillée d'une lecture d'un carnet de bord... Un spectacle à part entière qu'on veut choyer, et qui devient notre priorité à diffuser pour la suite des mois à venir.

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L’Heure du partage

La Première au centre social de Rives (janvier 2020) / Au café associatif le Chimère à Grenoble (février 2020) / Chez Sam, le premier de nos particuliers, à Villeurbanne (février 2020) / A Eve sur le campus de Grenoble (février 2020) / Au café Galerie La Vina (mars 2020)…

Et... Corona ! Patatras... Les toutes jeunes ailes de notre récit conté en sont coupées. Alors pendant le confinement on les soigne, et elles repoussent après le printemps …

A l'Amer dans le Vercors (juin 2020) / Chez Martine à Bilieu (juin 2020) / Sur les bords du lac du Monteynard, tous les soirs pendant une semaine (août 2020) / Chez Anais et Rémi, à Vaulx en Velin (Septembre 2020)

Ca y 'est, on commence à se réchauffer, le spectacle grandit. Oui on veut voler plus loin, plus haut, plus en profondeur... et... patatras ! Confinement saison 2. Et avec, les portes closes des lieux culturels. Jusqu'à...? Ces perturbations atmosphériques nous font trembler les ailes. Brouillard. Alors on redescend se poser. Et on réfléchit aux chemins possibles pour continuer à partager. Partout. En tout temps. De crise.

Une seule certitude : notre récit conté “Entre deux Rives” n'a pas fini de grandir.

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Texte : Flore Viénot
Photos : Renaud Menoud / Flore Viénot / Marie Cesaroni

 
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