Le point commun entre la scène et l'écologie ? La présence.

 

Pour la deuxième année, nous voilà à l'école des profs (ESPE) de Grenoble, à l'occasion de la journée Arts et Cultures proposée aux étudiants bientôt professeurs. Notre enjeu : que leur traversée sensorielle et marine devienne artistique.

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A l’ESPE de Grenoble, le retour

« - C'est confortable de revenir dans un endroit connu !
- Oui, c'est vrai que c'est pas mal de stress en moins...
- On sait déjà où est la porte d'entrée par exemple !
- heu oui... et ça, c'est important. 
»

Commencer une journée de travail en harmonie, c'est capital...

La Cour de l’ESPE, la Bastille derrière dans les nuages, et la Chartreuse là bas au bout - Grenoble - octobre 2019

 

Au programme…

5 heures d'installation, une bonne nuit de sommeil et un café à la débotté plus tard, on attend le premier groupe, notre feuille de route à la main et notre montre au poignet.

  • Notre enjeu : qu'ils sentent l'état de présence qu'amène à vivre le Parcours Sensoriel, et qu'ils comprennent le lien avec la présence qu'on recherche à avoir sur scène.

  • Nos moyens : tirer la ficelle de la création collective et de la performance

  • Notre outil : le parcours sensoriel de la traversée

  • Notre temps : 1h30

Au programme dans les grandes lignes (pompe à l'appui) :

  • 10h - 10h10 : mots d'accueil

  • 10h10 - 10h30 : parcours en solitaire

  • Pendant qu'un demi groupe part en écoute de la carte postale sonore

  • 10h30 – 10h50 : parcours en binôme

  • 10h50 – 11h25 : parcours en groupe et création collective

  • 11h25 – 11h30 : mots de conclusion

Et pas une minute de plus. Ni de moins.

Autrement dit : aller de la découverte solitaire (pieds nus et sans la vue) d'une nouvelle manière d'être en relation avec ce qui nous entoure ; à l'expérience de parcourir à deux, en étant le soutien du soutenu ou bien le soutenu du soutien ( tout le monde suit ? ) ; à l'expérimentation d'une traversée collective, où chacun à un rôle à tenir (le soutenu, le soutien, les vents, les embruns, le bruit de l'eau) ; jusqu'à la création artistique : car les conditions sont alors tout juste réunies pour que celle-ci puisse naître.

Bon. Assez de mots. Voyons ce que ça donne...

 
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“Cette aventure humaine marine et artistique, c'est vous qui allez la vivre. Et, pour bien sentir, ce sera pieds-nus et sans mots : en silence quoi... Pour être en lien avec vos corps”.

 
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“Vous êtes tous aussi important les uns que les autres. Soutenu, soutien, vents, embruns, bruit de l'eau, tous les rôles doivent être investis pleinement pour que ça puisse fonctionner. Et pour qu'ils puissent se coordonner organiquement”.

 
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“Soyez à l’écoute de ce que vous sentez, du rythme que vous voulez prendre. Tout en ayant conscience que tout ce que vous faites impacte les autres. Et soyez à l’écoute des impacts que vous offrent les autres, c'est cadeau”.

 
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“Vous pouvez créer des nuances, vous mettre en lien avec les autres éléments, trouver le rythme”.

 

“Comme dans une traversée en mer, cet exercice vous demande d’être sincèrement présents et de jouer sérieusement, comme des enfants”.

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Entre l’Art et l’Ecologie : la présence

Le virage vers la création n'est pas évident à négocier et à faire comprendre... Il faut du temps pour sentir que cet état de présence qu'implique l'expérience du Parcours sensoriel les yeux fermés est du même ordre que celui de la scène (qu'elle soit dans la rue ou dans un Théâtre).

En mer ou sur scène : urgence, soin, délicatesse.

A les voir, on comprend ce dont on a l'intuition depuis longtemps : c'est cette présence là qui est le lien entre l'art et l'écologie ! Elle est à la croisée de ces chemins. Le point d'achoppement.

Cette présence directe, sensible, délicate et attentive, est la rencontre entre nos deux portes d'entrée sur le monde  que nous discutons si souvent : l'art pour l'art ; et la recherche de ce que nous, humains, voulons être et devenir.

On peut le dire, le parcours sensoriel de la traversée est donc un espace où l'écologie artistique peut naître et se déployer. A parcourir les yeux bandés, on crée une relation sensible avec l'extérieur, qu'on cultive et qu'on fait grandir, par le soin qu'on porte à chaque pas.

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“Découvrir l’étrange beauté du monde qui se déploie juste devant la porte”

Voilà la traversée qui touche à son terme. Mais avant de rendre au gymnase son âme de gymnase, on part écouter la conclusion de la journée. C'est Heiko Buchholz du collectif “Un euro ne fait pas le printemps” qui la prend en charge. Il est dans la peau de son personnage M. Dankwart, délégué interministériel chargé de la mise en place du Ministère du bonheur, de la Contemplation et de l'Exploration des Petits Mondes. Rien que ça.

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Et, ô fierté, nous sommes nommées « Présidentes directrices générales et Nationales des services de l’exploration environnementale sensibles et corporelles ». Classe.

« Mesdames Fanny et Flore Viénot,
L'exploration du monde par nos corps, nos sens en baissant – ne serait-ce que pour un temps- la pensée cognitive permet à chacun de voyager dans les espaces proches. Découvrir l’étrange beauté du monde qui se déploie juste devant la porte et voir l’exotisme de ce nous paraissait si quotidien 
».

Et nous sommes missionnées par le délégué interministériel : on devra « remplacer le tourisme de masse par les explorations corporelles de notre environnement proche et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre à un niveau soutenable ».

Ok...

« D’ici mardi prochain ».
Ok. On prend bonne note, et on va commencer stratégiquement par aller ranger le Gymnase.


Texte : Flore Viénot
Photos : Renaud Menoud

 
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